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LA LAICITE

Cet article résulte d'une réflexion de groupe destinée au Colloque du CLIMAF- Centre de Liaison International de la Franc-Maçonnerie Féminine qui a eu lieu à Lisbonne samedi 7 juin 2014.

Thème: La laïcité Les sous-thèmes des ateliers sont: 1. La laïcité, une voie d’émancipation pour les femmes 2. Le sens de la laïcité – son évolution au cours de ces dernières années 3. Laïcité et Parité (femmes-hommes)

4. La laïcité et les institutions religieuses 5. Les limites entre la sphère publique et la sphère privée 6. La laïcité comme processus d’intégration 7. Laïcité : subsidiarité comme principe politique Les SS:. de la RL Tanit ont essentiellement réfléchi sur les points 4 et 5, à savoir: L’être humain ayant besoin de se situer dans le monde, il a éprouvé la nécessité d’établir des règles pour sa vie en communauté, d’où les religions, les mythes, les cosmogonies, les philosophies. Avec le sacré a très vite été associée la notion de pouvoir. Les druides, les chamanes, les prêtres, ont détenu le pouvoir, ou bien les rois ou chefs, dont le pacte avec le dieu ou les entités suprêmes, leur permettaient d'obtenir une légitimité pour gouverner. L'association du pouvoir avec le sacré, a ainsi évité dans la loi du pouvoir, la simple règle du plus fort et les luttes qui en découleraient forcément. Par la même occasion, cette association a permis une certaine stabilité, évitant les remises en causes permanentes du roi ou chef. En Occident, la distinction entre le pouvoir régulier et le pouvoir séculier s'est faite assez rapidement, même si cette séparation n'était pas effective dans les faits. Au fil du temps, le pouvoir a obtenu sa légitimité du peuple, réduisant par la même occasion le besoin de sacré dans les affaires publiques, puis, le contexte historique a fait que l’Église et l’État ont été séparés. Cette séparation a été plus ou moins brutale, plus ou moins extrême selon les pays et les époques. Si nous prenons, les liens entre les monarques français et l’Église catholique romaine, ceux-ci ont souvent été délicats, notamment en raison d'une part du droit divin de la monarchie, nécessitant l'accord de l’Église et d'autre part de la volonté des monarques de ne pas être soumis au pouvoir du pape. Il était inacceptable pour un monarque de se plier aux lois de l’Église si ces dernières s'opposaient à celles qu'il souhaitait imposer. Le conflit Monarchie-Église catholique a finalement évolué vers un conflit État-Église catholique. Tout comme les luttes de pouvoir entre l’Église catholique Romaine et les monarques français, le concept de laïcité transposé à une démocratie actuelle, peut se transformer en conflit entre le pouvoir civil et le pouvoir d'un groupe religieux. La suprématie du pouvoir civil sur celui d'une communauté religieuse quelle qu'elle soit devrait permettre de préserver l'intérêt général des citoyens. Issu de la Révolution française, le concept de laïcité apparaît dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789à l'article 10 et stipule que :« Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Puis, la loi de 1905 en France, a été pensée par ses promoteurs même comme le prolongement d’un processus auquel avaient contribué de multiples initiatives historiques : - les efforts des Encyclopédistes pour construire un savoir fondé sur ses exigences propres et délié de l’obligation de conformité à des Ecritures saintes, - ceux des rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui opéraient une disjonction entre citoyenneté et confession et reconnaissait à chacun le droit à pratiquer librement sa religion, - ceux des juristes qui avaient construit un droit civil, notamment dans le domaine du mariage, détaché de toute nécessité d’allégeance à des croyances ou à des rites religieux déterminés, - ceux des promoteurs de l’école républicaine enfin, qui avaient donné force institutionnelle à un enseignement refondé sur le principe de l’esprit critique, du doute et de la mise en suspens des appartenances confessionnelles.

Devenue une composante forte des démocraties, qu’est ce que la laïcité est ou n’est pas ? La laïcité n’est pas le refus de la religion, ou une attitude hostile envers tout ce qui est « religieux ». Elle ne remet pas en cause les religions, mais les cantonne au domaine privé. La laïcité doit garantir la liberté de culte et de conscience à chacun et chacune des citoyens-ennes d’un pays, et c'est dans ce sens que le religieux n’a pas sa place dans le domaine public. La laïcité est simplement la séparation de l’Église et de l’État et par conséquent, la garantie pour chaque individu de sa liberté de conscience. Ce sont les lois de laïcité qui garantissent au curé, au pasteur, à l'imam ou au rabbin de pouvoir croire, pratiquer et même exercer leur métier en toute liberté. Car la laïcité est une liberté tout court qui doit offrir un espace de liberté, d’égalité et de fraternité à tout-e citoyen-ne qu’il soit catholique, protestant, juif, musulman ou sans religion. Elle n'impose pas de pensée unique. C’est cette liberté que devraient défendre tous les hommes de bonne volonté et les FM en particulier. En FM, il semble que nous ne sommes pas laïcs, car nous dédions nos travaux au GADLU. Toutefois, chacun de nous a la liberté d'assimiler ce GADLU au Dieu de sa religion, ou à son Dieu, ou sa métaphysique personnelle. Dans les faits, nous avons chacun-e cette liberté et réussissons à travailler tous-tes ensembles. De façon erronée, laïcité et athéisme vont souvent de pair et il y a confusion entre les deux termes. Il semble même que souvent, en FM, on confond laïcité avec opposition virulente à toute forme de foi et de religion. Combien de fois n'a-t-on pas entendu « l’obscurantisme des religions » ! N’est-ce pas là une forme de rejet qui s’apparente plus à un dogmatisme maçonnique qu’à la liberté de penser qui nous est si chère ? Il y a donc un dogmatisme et un prêt-à-penser même en maçonnerie, et les SS et les FF ne sont pas à l’abri de l’intolérance… La laïcité, tout comme la Liberté, l'Égalité et la Fraternité, sont des principes fondamentaux qui permettent la cohabitation harmonieuse dans un même état de personnes croyantes appartenant à plusieurs communautés religieuses, mais aussi de personnes non croyantes. On pourrait l'assimiler à la tolérance entre ces personnes. Cette distinction entre individu et citoyen semble intimement liée à celle faite entre espace public et espace privé. La laïcité ne s’applique pas dans la rue, qui est au contraire le lieu de la plus grande tolérance possible. Elle ne s’applique pas dans « l’espace public », ce concept labile qui conduit à toutes les confusions. Elle s’applique dans « les lieux où s’exerce l’autorité de l'État » : dans les administrations, au sein de l’école publique... ». C'est pourquoi les principes de liberté et égalité chers à nos démocraties occidentales sont bafoués si un groupe ou une institution religieuse parvient à s'immiscer dans les affaires publiques ou encore à imposer à l'individu des règles qui vont à l'encontre de l'intérêt général. Comme écrit précédemment, la laïcité est bien différente du concept d’anti-religion ou d'athéisme… Au contraire, elle n’implique pas un refus religieux, mais un libre choix de s’impliquer dans un mouvement religieux ou non. Et, en allant plus loin encore, la laïcité défend le droit absolu à la liberté de conscience, à la liberté d’expression et au libre choix. Cette liberté est plus large, plus générale, que la liberté de religion, car elle se réfère à ce libre choix que permet l’ensemble des options spirituelles. La laïcité n’impose pas de pensée unique, sans devenir par ailleurs en espace neutre et vide de sens. C’est un idéal qu'il faut réapprendre à défendre. Un pays véritablement laïc n’est pas un pays où l’État se contente de garantir un traitement équitable entre toutes les religions, quitte à faire de leur juxtaposition communautaire la seule source de sens. La laïcité doit revendiquer cette production de sens et revendiquer un monde toujours plus rationaliste, car seule la Raison permet de faire progresser les lois vers plus de justice, d’égalité et de liberté. Cette laïcité est non seulement un idéal, mais c’est un idéal qui doit sans cesse être justifié et défendu. Considéré comme dispositif juridique, la laïcité est et doit être essentiellement « neutre », ce qui signifie que l’État ne peut favoriser ni défavoriser aucun culte, aucune religion, et que la laïcité ne peut ni ne doit se montrer « négative » ni « positive » à l’égard d’une religion par rapport à une autre, ni en faveur ou en défaveur de la religion en général… ou de l’athéisme. À l’échelle du monde, la laïcité reste pourtant une exception cernée de toutes parts par l’adversité. Preuve en est qu'autour de nous nous assistons parfois à un retour aux fondamentalistes de tous bords, avec pour résultat que le pouvoir est grignoté ou franchement tenu par le religieux. "Il existe des tentatives, par les religions, de réaffirmer leur pouvoir civil. Cette perspective régressive est suscitée par une politique de démantèlement des services publics, elle-même oublieuse des principes fondamentaux d'une république laïque". (C. Kinzler) La liberté offerte par la laïcité n'est pas acquise, il faut réapprendre à défendre celle-ci et à l’aimer si nous ne voulons pas voir cette faible bougie soufflée sous l’effet de la montée en puissance des obscurantismes. C’est notre seule raison d’espérer que le 21ème siècle ne soit pas celui du triomphe des intégristes sur les démocrates, mais bien celui de la lumière sur l’obscurité. La laïcité implique la démocratie qui – elle – ne peut s’imposer, mais s’acquérir petit à petit entre autres par le biais de l'éducation. Dans cet esprit, refuser un enseignement spécifique des religions à l’école laïque est une erreur fondamentale. Il ne s’agit pas là d’embrigader les élèves, mais au contraire, de les informer afin qu'ils puissent faire les meilleurs choix pour eux-mêmes, car la connaissance objective et distanciée de l’histoire des religions peut contribuer à éveiller un esprit critique qui permettra de lutter avec discernement contre l’obscurantisme et le fanatisme. Mais cet objectif idéal, voire utopique n'est de loin pas celui de toutes les nations. Citons cette charte de la laïcité instaurée en France en septembre 2013: "La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire". "La laïcité de l'école offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l'apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix." Conclusion Le concept de laïcité ne peut être séparé de celui de démocratie et de ses principes fondamentaux que sont la Liberté et l'Egalité. La liberté, car elle s'est dressée contre l'absolutisme politique et religieux et l'égalité, celle des croyances, des origines ethniques et sociales. Dans l'article de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, apparaissent à la fois un droit : la liberté de conscience de l'individu, et un devoir de citoyen: le respect de l’ordre public. Il n'est pas question de choisir entre religion et laïcité : la laïcité assure la liberté de conscience dont la liberté de culte fait partie, elle renvoie la foi à l’espace intime. Ainsi permet-elle de vivre ensemble tout en préservant la diversité. La laïcité respecte tous les idéaux, elle veut la dignité humaine pour tous et le droit à la différence. Espace de tolérance et de liberté, elle est une inestimable conquête de l’homme libre, car en conciliant croyances et opinions et elle se doit de n’exercer aucune influence sur la pensée individuelle et l’intime conviction. La laïcité, fille de la démocratie est une conquête à préserver et à promouvoir.

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