Les Agapes
Agape, du Grec Agapê, « amour »,
au fil d’un jour, de deux jours, de nombreux jours,
devient « repas fraternel », avec, ou sans atours.
L’agapê est de ces amours,
qui parfois nous jouent des tours,
quand d’un verre au détours,
d’un plat aux fins contours,
un rire fuse alentour.
L’agape se conjugue, morne ou vive,
réunissant solitudes, ou mets et convives.
Si la boisson nous enivre,
si les paroles deviennent vives,
à nous d’être sur le qui-vive,
pour éviter que d’une boutade trop vive,
d’aucun ne survive !
J’agape,
c’est triste et solitaire,
à chanter, pas un seul air.
Il ou elle agape,
toujours au singulier,
un constat bien tristounet.
Ils ou elles agapent,
au pluriel cette fois,
il y a de la joie ;
ils sont plusieurs, réunis,
ils sont ensemble, épanouis,
mais je n’en fais pas partie,
je suis extérieure, écartée,
peut-être exclue, sans volonté,
si je ne l’ai pas cherché,
c’est, hélas, ainsi fait !
Tu agapes, vous agapez,
c’est déjà la marque d’un intérêt,
pour l’un, pour l’autre, plus ou moins marqué,
pour tous les autres, pour leurs sensibilités,
qui autour d’un met, peut se manifester,
un met sans moi, mais un met partagé,
un met où vous êtes, un met où tu es,
un met, donc d’intérêt.
Nous agapons,
Nous, A-GA-PONS,
A,
A, comme le début,
la préface d’un livre jamais assez lu,
le « la », d’un air, jamais trop respiré, ni entendu,
le «là », d’un ici ou d’ailleurs, à jamais inconnu.
GA,
GA, comme le début,
les gars, les copains jamais assez vus,
les amis, en fait, presqu’inconnus,
les frères et sœurs, à peine entrevus, le temps d’une tenue,
mais aussi, le « GA », prémices d’un mystère, jamais résolu,
l’Architecte de nos jours, de nos nuits, le GADLU.
PONS,
PONS, comme le début,
celui d’un chemin parcouru,
sans cesse re-parcouru, par peur de l’inconnu,
celui assis à ma droite, qui lors d’une tenue,
s’est mis à nu, avec retenue.
Il est temps, de lier les deux rives, par ce pont,
celle du symbole et celle de la vie, par ce don,
ce moment de partage, d’écoute, d’écoutons,
ce moment hors d’âge, de goûts, de goûtons.
L’agape, un mot désuet, historique,
pour un temps magique, un temps biblique,
qu’il nous appartient de rendre unique,
avec pour seul maitre et sans trique,
une parole de Jean, l’excentrique :
«À ceci, tous vous reconnaitront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres».
L’agapê alors prend sens,
l’essence des sens,
comme le fumet de nos mets,
encense nos goûts, parfois nos idées,
en tous cas, notre amitié,
délie les langues, rapproche les intérêts.
« Dieu est agapê » disait Jean, autrefois.
Que ce chemin vers la transformation de Soi,
tracé sur nappe de coton ou de soie,
Que ce voyage sur le sentier de moi vers toi,
mène à la Lumière, la tienne, la mienne, la notre,
Que nous soyons en ce soir, apôtres,
de la seule cène que partagent les maçons, nous autres,
celle qui préside à l’ouverture du cœur,
quand festin rime avec honneur, bonheur, et non splendeur,
car, passer du temps à saluer sa panse,
après avoir pensé son salut en tenue,
peut être salutaire, sans aucune retenue.
Alors, mes Sœurs, mangeons pour vivre,
partageons nos repas, et donc nos vies,
que l’eau devienne « poudre faible »,
le vin « poudre forte »,
le champagne « poudre pétillante »,
le digestif «poudre fulminante",
et assurons-nous, que la Maitresse des banquets,
veille, qu’après avoir travaillé à couvert,
nous ayons bien mis le couvert !
Alors, mes Sœurs, si en un ou plusieurs mets,
« agapê », rime bien avec « santé »,
je tiens ce midi,
à dire un chaleureux merci
à celles qui nous réjouissent la vie,
par leurs ingénieux souris,
et leur généreuse industrie,
et par cela je dis, et redis :
merci, à nos Soeurs apprenties !